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UMA AUM

LE SEXE DE L'HOMME​

Depuis des mois cet article mûrit en moi, l’idée a germé suite à des discussions avec des hommes et des femmes, des confidences touchantes.

Le mot Sanskrit désignant l’organe sexuel masculin est Lingam (symbôle ou signe).

Il est généralement traduit par « Baguette de Lumière ». Le lingam dans le tantra (ou sexualité sacrée) est vu comme un catalyseur d’énergies créatrices et de plaisirs et est honoré avec respect. Certaines théories font remonter le lingam aux anciens cultes de la fertilité. Bâton de jade dans le Tao, le pénis possède plus de 800 synonymes!

Le culte du phallus en érection (culte ithyphallique) apparait aussi dans la culture grec ancienne où  jadis existaient des pierres appelées hermès que l’on plaçait aux carrefours, devant l’entrée des maisons ou aux limites d’une propriété. ces pierres étaient censées avoir un effet disuasif, comme si de montrer un sexe en érection faisaient fuir les adversaires un peu comme lorsqu’un singe mâle exhibe ses organes afin de montrer sa force et impressionner. Priape, dieu grec de la fertilité, célèbre à Rome, était représenté avec un gigantesque pénis rouge, a donné le mot “priapisme” désignant aujourd’hui une érection prolongée, pathologique et souvent douloureuse.

En de nombreux endroits de l’Europe, de l’Asie, nous retrouvons des pierres phalliques adorées comme symbole d’universalité et de puissance.

Près d’Angkor au Cambodge, l’on retrouve une pierre érigée au 6ème siècle par un prince Khmer, elle est considérée comme le symbole du dieu Shiva et est toujours un lieu de pèlerinage, où les femmes continuent de se rendre pour améliorer leur fécondité en lavant la pierre avec un tissu humide.

Différentes coutumes à travers le monde célèbrent le culte ithypahallique comme à Komaki au Japon, où le 15 Mars, les hommes traversent la ville en portant un pénis en bois de cyprès pesant 450kg transporté jusqu’au temple Tagata Jinja où les fidèles chantent des prières de fertilité et d’abondance pour tout ce qui vit et pousse.

La tribu Samia en Papouasie-Nouvelle-guinée, propose un rituel de passage pour les jeunes garçons. Ceux-ci sucent le sexe de leur ainés et boivent une partie de leur sperme afin d’absorber la puissance et la vitalité de l’ancienne génération. De même la tribu des Baruyas, toujours en Papouasie, propose de faire boire le sperme aux femmes qui sont affaiblies par leurs règles ou un accouchement.

En Norvège depuis les années 90, a lieu une fête de la fécondité sur l’île de Dønna, l’on célèbre le retour d’une pierre phallique érigée au 6ème siècle de notre ère. Celle-ci serait la plus grande de toute l’Europe.

Considérons l’anatomie du sexe masculin qui comporte plusieurs parties et prend naissance dans le périnée:

– le gland de forme conique. Le sillon sur le gland est appelé le méat urétral (l’orifice par lequel sortent l’urine et le sperme) et descend sur la partie antérieure vers le frein du prépuce ou filet de la verge. Le prépuce est la partie de peau mobile entourant le gland et qui est retirée lors de la circoncision.

– le corps ou la hampe-les bourses ou le scrotum contenant les testicules.

Cet organe à deux états : la flaccidité quand le pénis est mou, l’érection lorsqu’il augmente de volume et devient rigide. Deux états de cet organe souvent interprétés et parfois mal-interprétés.

Il existe selon le Tao, une réflexologie sexuelle, tout comme en réflexologie plantaire, l’on retrouve sur le sexe de l’homme des zones correspondant à différents organes :

Comme vous l’observez sur cette illustration:

– l’extrémité (le gland) correspond au coeur

– les côtés du gland représentent les poumons

– la partie supérieure de la hampe correspond à la rate

– le milieu de la hampe avec le fois et sa racine avec les reins

Et magie de la nature, chez la femme c’est l’inverse! L’entrée du vagin correspond aux reins, en avançant à l’intérieur du vagin vers l’utérus, l’on retrouve dans l’ordre les zones mises en relation avec le foie, la rate, les  poumons et le cœur. Par la pénétration de la femme par l’homme, les différents organes sont stimulés réciproquement comme lors d’une réflexologie plantaire par exemple. Belle illustration de cette complémentarité des sexes masculins et féminins et de comment utiliser la sexualité en conscience pour entretenir voire améliorer sa santé.

Nécessité et désir de narrer mon chemin à l’écriture de ce texte qui se déploie sous vos yeux (ébahis je l’espère).

Victime d’un abus il y a plus de 30 ans de cela, perpétré par un homme de ma famille, tous mes repères s’effondrent sans que je m’en aperçoive. Cet homme était mon idole, mon exemple. Début de la faille dans ma perception du masculin dans laquelle je m’engouffre à mon insu.

J’entre alors quelques années plus tard dans la vie amoureuse, femme cisgenre hétérosexuelle, je rencontre des hommes.

Mes premières relations furent chaotiques, violentes, je suis trompée, battue… et je me soumets à tout cela, ne comprenant pas vraiment les mécanismes à l’œuvre en moi.

J’ai bien entendu trouvé une majorité de femmes qui entrait en résonance avec la représentation que je me faisais du masculin (mauvais, méchant, obsédé…) et dont en même temps, je ne pouvais me passer. Dépendante affective, je voulais à tout prix aimer un homme et être aimée de lui en retour. J’utilisais la relation à l’autre et à l’homme comme un moyen de réassurance voire d’assurance.

Quelque chose n’était pas juste dans mon comportement, il m’a fallu des années, des dizaines d’année pour comprendre ce qu’il se passait en moi, pour accepter d’avoir été victime, pour pardonner et comprendre. Comprendre est un terme important, comprendre le pourquoi de l’abus a été salvateur et fut le premier pas. Un pas capital pour pardonner.  

Une phrase entendue il y a des années m’a accompagnée depuis dans la compréhension de ma mécanique interne; reçue d’abord très violemment comme un coup de poing en pleine figure: “On est pleinement responsable de là où on est”. Je n’ai d’emblée pas compris. Un mouvement de révolte interne a émergé car je ne me considérais pas comme responsable des attitudes violentes, irrespectueuses voire dégradantes que je subissais de mes partenaires à l’époque.

Je n’avais pas encore compris ni intégré, que je refusais cette place de victime abusée que j’étais. Refoulée, cette position suait par tous les pores de ma peau et j’attirais les hommes qui me renvoyaient cette image que je m’interdisais d’incarner, incapable de supporter l’intensité de la douleur ressentie alors, au moment de cet abus. Cette idée, cette responsabilité qui était mienne, je l’ai intégrée peu à peu, pas à pas.

Toujours en cheminant clopin-clopant, une autre idée a retenu mon attention, celle de la projection, de ce mouvement qui nous pousse à transposer un objet, un concept interne au monde extérieur. Je me suis posée la question, cette question: “Etais-je en train de projeter inconsciemment une vision, un ressenti interne sur ces hommes qui jalonnaient ma vie?” Formulée autrement: “Est-ce qu’inconsciemment je projette sur les hommes, quelque chose qui se passe en moi?”. Il y avait trop de similitudes, de ressemblances, de répétitions, parfois jusque dans certains détails troublants, ceci n’était pas que le fruit du hasard. Einstein a dit: “Le hasard est le nom qu’emprunte Dieu pour rester anonyme”. Je ne croyais pas en un côté totalement aléatoire face à ces redondances. Je me faisais détective de ma propre existence, je sentais que je m’approchais du nœud sans savoir encore vers quoi j’avançais. Sans savoir que j’avais totalement refoulé cet abus qui est revenu à ma mémoire presque 20 ans plus tard.

Lors d’une séance chez une thérapeute il y a environ 10 ans, ce souvenir a jailli. D’abord avec “légèreté” (entendez-le sur un ton cynique), je relatais cela en rigolant, récusant d’avoir été affectée par cela. Et puis peu à peu, apprivoiser ce choc, s’autoriser à descendre dans “les flammes les plus hautes de l’enfer”, dans ces émotions tellement intenses, insupportables, que l’on croit ne pouvoir y survivre si on s’y abandonne. Comme une décharge extrême qui pourrait faire griller notre circuit si on laisse celles-ci circuler en nous, et surtout trop intenses pour notre cœur.

Ajouté à ceci, l’éducation, les croyances transmises probablement d’une génération à l’autre, le poids de la culture à l’encontre de l’homme: cet abuseur, dominateur, despote, égoïste, insensible, détraqué sexuel qui utilise la femme pour son propre plaisir sans la considérer. J’ai obéis à ces croyances si longtemps que j’en ressens encore beaucoup de tristesse en écrivant ces mots aujourd’hui, en réalisant comment ces convictions ont façonné mon monde à l’époque. Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’abuseur, de despote, de détraqué… dans la gente masculine tout autant que féminine. Je dis que victime de cela, il est facile ensuite de projeter ces attributs sur tout un genre, de faire des généralités et de déformer la réalité, de ne plus voir les hommes tendres, à l’écoute, compatissants, doux, respectueux.

Ces projections que j’ai faites sur les hommes, tous les hommes, m’ont permis d’éviter de voir une réalité, ma réalité pendant si longtemps.

Le tantra dans sa proposition d’authenticité par rapport à nous-même d’abord et surtout, dans son travail par rapport aux limites, à la conscience, au consentement, au fait de se dire dans nos ouvertures et verrous, au masculin et avec les hommes, à l’énergie sexuelle, au ressenti… m’a permis de déconstruire les dernières croyances mensongères que je gardais encore en moi face aux hommes. Je me suis sentie réconciliée avec ce genre, avec mon histoire et avec mon abuseur en mon fort intérieur également.

Je sais aujourd’hui dans ma chair que ceci fait partie de mon histoire et de la femme qui écrit ces mots aujourd’hui. Cet abus fut simplement un expérience, sur base de cela l’on choisit son positionnement, on en fait son miel, on la transcende ou pas.

En progressant, en démêlant, décortiquant mes comportements pendant de nombreuses années, je me suis trouvée, reconnue et peu à peu je me suis aimée avec cet incident, cette blessure, cette cicatrice.

J’ai pu sortir de schémas de pensées tout tracés, égrégores puissants à l’encontre du masculin, comprendre ce qui s’était vécu en moi et en faire une richesse.

Je ne peux plus aujourd’hui agréer aux phrases toutes faites et courantes: “Tous les hommes sont des salauds…”, “Haaaa les hommes, tous les mêmes…”, “Tous les hommes pensent comme cela…”, je ne m’y retrouve plus du tout.

Aujourd’hui j’aime l’homme, le masculin dans ce qu’il a de puissant de sensible et fragile. J’aime le corps de l’homme dans son côté plus anguleux que le mien, plus robuste, plus poilu aussi. J’aime les poils qui repoussent au matin sur leur visage, drus et piquants, les barbes de plusieurs années. J’aime les dessins des poils sur leur poitrine, leurs jambes. J’aime les carrures plus larges que la mienne dans lesquelles je peux me réfugier. J’aime l’homme qui prend refuge en moi et me fait réceptacle de son aleph lorsqu’il en ressent le besoin. J’aime l’homme suffisamment confiant qui n’a pas peur de montrer sa fragilité, ses blessures, ses larmes. J’aime la complémentarité des sexes comme symbolisé dans le Shiva-Lingam.

J’aime les mains des hommes, rugueuses, douces, carrées, costaudes, des mains qui ont travaillé la terre, griffées, qui ont sculpté, qui ont utilisé leur force. Et celles plus délicates, épargnées d’un travail physique qui les marquent, les mains de l’artiste ou du tailleur allongées, comme celles d’un pianiste. J’aime sentir la main d’un homme dans ma main ou sur ma hanche alors que je m’endors, ou lorsque nous marchons côte à côte. J’aime les doigts qui glisse sur ma peau dans l’admiration de mon corps de femme plus gracile et fait de courbes.

J’aime l’amplitude de leurs cages thoraciques larges, l’épaisseur de leur thorax, découvrant une capacité pulmonaire bien plus vaste que la mienne. J’aime la courbe sous les côtes vers leur ventre, celle près de la crête de la hanche vers les plis de l’aine.

J’aime leurs dos musclés, la tonicité dense de leurs corps. J’aime voir dans leurs yeux des regards enfantins derrières des visages forts. J’aime leurs voix graves et basses murmurer des mots d’amour doux et tendres. J’aime leur attitude dans l’intimité lorsqu’ils s’abandonnent au plaisir partagé sans retenue ou gène. J’aime qu’un homme puisse me porter dans ses bras et me poser dans le lit avant la nuit, m’emportant d’une pièce à l’autre, chose que je ne pourrai jamais faire. J’aime leurs confidences, les secrets qu’ils partagent, les regrets qu’ils énoncent. J’aime leur pudeur langagière même si elle me met à rude épreuve parfois, elle dénote d’une sensibilité dont ils prennent soin, un exemple dont j’aimerais m’inspirer.

J’aime l’homme qui reste homme, je ne veux pas que l’homme se féminise, tout autant que je souhaite conserver les caractéristiques qui font que je suis femme et ne pas devenir masculine à l’excès. Le déni de la différence entre hommes et femmes, voire son refus, justifie la tendance à la féminisation de certains de ceux-ci, ne pouvant plus assumer les qualités masculines et viriles.

J’aime les caractéristiques des hommes que je ne possède pas étant femme. Conjuguées aux miennes, elles permettent un nouveau dynamisme, une autre façon d’inventer l’instant, d’être en lien, une nouvelle polarité dynamique, une synergie. Je parle des caractéristiques physiques, physiologiques, psychologiques intrinsèques au sexe que nous possédons et naturelles, car pour le reste, hormis le conditionnement sociétal, culturel et familial, nous sommes tous des êtres humains et sensibles. Nous ne sommes pas notre genre, nous sommes bien plus que cela et nous devons en même temps expérimenter cette condition de genre dans cette incarnation, différences et ressemblances conjuguées.

Dans ma profession, je suis amenée à toucher des femmes et des hommes, je reçois beaucoup de confidences très intimes de part et d’autres et j’ai pu constater que des deux côtés les blessures sont nombreuses, les abus fréquents, la sensibilité similaire.

Des hommes m’ont confié les violences, agressions, injustices et inconduites dont ils ont été victimes de la part d’hommes et de femmes. Ils m’ont révélé leur sensibilité, avec la peur de ne plus être considéré comme un homme car ne répondant pas au stéréotype masculin monolithique de base: macho, dominant la femme, sexiste voire misogyne…

Plusieurs de ces confidences masculines m’ont touchée, ébranlée, laissant deviner une belle fragilité très éloignée des clichés masculins habituels, et m’ont invitée en tant que femme à parler de la souffrance des hommes. Ne sachant plus très bien quelle place laisser à leur sexe ni comment le vivre dans tous ses états (flaccidité ou érection), l’envie de me faire leur relais en toute humilité.

Dans un article précédent, j’évoquais le massage du yoni ou sexe de la femme. Ecrire aujourd’hui sur le sexe de l’homme s’inscrit dans une continuité logique à mes yeux.

L’on voit facilement de belles représentations de yoni, de clitoris et à raison vu la mal-information ou sous-information quant au sexe de la femme (et principalement du clitoris) comme par exemple son absence dans les livres d’anatomie jusque fin des années 80. Peu de représentations positives, artistiques ou poétiques du pénis, j’ai pourtant cherché et n’ai quasiment rien trouvé de beau sauf quelques rares exceptions.

L’envie de parler du sexe des hommes pour arrêter d’associer la masculinité toxique à la masculinité singulière de chaque homme.

L’envie de parler du sexe des hommes car je vois au quotidien des hommes délicieux (amis, partenaire, frère, beau-père, collègues, voisins…) qui souffrent également des attributs basiques que l’on associe à leur genre tout comme les femmes souffrent face à la féminité.

Nombreuses sont les problématiques que les hommes rencontrent en lien avec leur pénis: éjaculation prématurée, érections involontaires, impuissance, taille… D’autres hommes qui ont des problèmes médicaux en lien avec leur pénis (ablation du pénis suite à un cancer, peyronie ou déviation du pénis en érection, priapisme ou érection involontaire et prolongée qui peut entraîner l’impuissance) et qui repensent fondamentalement toute leur sexualité et ce qui fait réellement d’eux des hommes.

Des pathologies plus rares en lien avec le pénis comme le “Koro”, la peur que le pénis ne disparaisse en se rétractant à l’intérieur du corps ou qu’il soit volé.

Par surcroît, les hommes témoignent de ne pouvoir contrôler leur érection, ni la provoquer, ni l’empêcher; situation qui peut devenir problématique face à toutes les projections sur l’état de l’organe.

Tantôt l’érection est souhaitée voire quasi obligatoire. Elle atteste majoritairement et à tort de la puissance et de la virilité de l’homme. Si elle ne survient pas l’homme est jugé dans son intégrité à être un homme, un vrai. La performance exigée autour de l’érection lors des rapports sexuels induit une pression…

Tantôt, elle est perçue comme perverse voire dangereuse, ressentie comme une offense ou une agression, une perversion de la part de l’homme catalogué alors comme vicieux ou dégoûtant.

Certains ont un rapport paradoxal avec leur sexe, source de fierté et de honte à la fois, il reste tout de même un indicateur important de leur vitalité, de la qualité de leur connexion à leur corps, à leur énergie libidinale: réceptacle d’une énergie de vie et de création. Énergie de base, qui pourrait les guider si elle n’était pas pervertie par des morales ancestrales, des tabous et des peurs d’être mauvais.

Beaucoup d’entre eux aiment bander tout simplement, pour le plaisir de la sensation sans attente particulière, sans désir précis. L’érection pouvant survenir au réveil, dans un moment de détente, dans une sensorialité du plaisir d’être en vie et d’être présent à son corps tout simplement. Ils aiment être nus et sentir le contact de leur sexe sur leur cuisse, avec l’air, l’eau, le vent.

Beaucoup d’hommes parlent de la sensibilité à fleur de peau de leur sexe, souvent ignorée en raison des généralisations inexactes au sujet de la sexualité masculine. L’on projette trop souvent sur l’homme l’envie de relations sexuelles intenses et brutales. Nombreux sont ceux qui expriment qu’en raison de la sensibilité de leur sexe, ils aspirent à des échanges plus tendres, des caresses plus légères, des moments plus sensuels que sexuels, liés au doux plaisir de l’échange entre deux peaux, entre deux sensibilités entre deux personnes plutôt qu’à la performance mécanique. A travers leur sexe et le rapport à l’autre, ils parlent d’envie de se connecter au mystique, au divin, de désir de transe et de transcendance.

Je remarque un plus grand malaise  dans les nouvelles générations, les hommes plus jeunes ayant plus de mal à assumer leur sexe, leur sexualité, leur libido. Peut-être que les hommes qui ont vécu la révolution sexuelle de mai 68, en ont appris quelque chose et vivent leur sexualité et corporalité plus aisément que les génération suivantes qui ont été inondées de pornographie suite à cette libération sexuelle? Ce véritable tsunami de représentations pornographiques ne permet plus aux jeunes de s’inventer, d’être créatif, dans l’exploration de leur sexualité. Ils pensent tout simplement que c’est comme cela que cela se fait, que c’est à ces représentations qu’ils doivent correspondre et ne perçoivent même plus que l’érotisme et la sexualité, sont des moyens d’expression de soi qui s’inventent et se recréent à chaque relation, moment, période de vie, avec chaque partenaire. Correspondre aux modèles véhiculés par la production massive pornographique accessible à tous, balaye impunément le caractère singulier de la sexualité de chaque individu.

Une phrase que j’ai lue récemment, s’applique parfaitement à la sexualité: “Si je ne suis pas moi, qui le sera?”, si dans l’intimité de la sexualité, je suis aussi conditionné par des modèles (mises en scène, acteurs sélectionnés), dans quel registre de ma vie puis-je être moi avec toutes mes singularités et différences? Besoin de correspondre plutôt que d’expérimenter, qui retire toute la substance de cet échange intime qui si nous le vivons entièrement nous ramène entièrement dans le moment présent, comme une célébration de la vie dans le partage avec l’autre.

Petit détour professionnel: le massage tantrique, en incluant le corps de l’homme dans sa globalité par un toucher affectueux et respectueux, lui permet de se détacher de sa zone génitale et des tensions qu’elle peut générer, le sexe faisant alors partie d’un tout, d’une personne sensible. L’homme peut se sentir comme une unité et arrêter de focaliser sur son sexe, sur son état…

En adaptant mes comportements par la compréhension de ceux-ci, je suis à même d’accueillir l’homme, de l’écouter, de le comprendre ce qui engendre une boucle vertueuse. Car compris, l’homme peut mieux comprendre la femme et vice et versa.

Accueilli sans jugement, n’étant pas associé à des comportements généralisés qui ne lui correspondent peut-être pas, se sentant honoré et compris, il peut à son tour mieux accueillir la femme qui se présente à lui et sortir de vulgarisations trompeuses à son égard.

L’importance de se placer au-delà de ce clivage homme/ femme dont le lien est jalonné de blessures, surtout en tant que praticienne tantrique, s’est imposée à moi. Comment proposer à l’homme de se réconcilier si je ne le suis pas avec moi-même, en moi-même? Comment l’inviter à apprivoiser l’animus et l’anima (pour citer Jung) en lui, si ce n’est déjà réalisé en moi?

Avec un toucher empreint d’affectivité, d’attention, l’homme peut voir toutes les parties de son corps touchées avec précaution, en l’état présent, sans jugement. Cela peut lui permettre de vivre mieux sa corporalité, son sexe et de retirer tout le poids de l’abuseur qui lui est souvent inculqué, qui plus est s’il y a érection. Nous sommes dans ce cadre en présence d’un toucher qui peut être réparateur et invite à (ré-)apprivoiser cette vitalité naturelle qui tend spontanément alors à circuler (à nouveau) dans tous les canaux énergétiques.

L’éventuelle érection (sans en faire quelque chose systématiquement) n’est plus diabolisée et est vue comme un état naturel, non offensif. L’éventuelle flaccidité trouve également son espace et permet à l’homme de sortir de l’impératif de l’érection, d’être performant et actif.

 

Masser un homme dans son intégralité, dans un tel cadre, permet une réconciliation, donc un plus grand lâcher-prise, en conséquence un vécu (au quotidien) des deux archétypes masculin/ féminin dans ce qu’ils ont d’actif/ réceptif, de dynamique et de passif.

“La femme, par sa beauté-qui-ouvre-le-cœur, nous offre à nous les hommes le plus beau des cadeaux. Celui de pouvoir contacter celui que nous sommes réellement dans nos profondeurs, au-delà de nos écrans.” Jean-Philippe Ruette

Pour conclure, parmi les témoignages que j’ai reçu, voici celui avec lequel je souhaite terminer cet article, beau résumé, belle conclusion:

J’aimerais jouer à tenter de définir le pénis. Si les mots ne conviennent pas, le définir en signe de ponctuation? Petite virgule? Gros point d’exclamation? Bof bof. Ah mais après tout, pourquoi pas… Trait d’union entre le mâle physique et son masculin sacré, trait d’union entre le masculin sacré et le féminin sacré. Trait d’union entre le Yin et le Yang, entre le Ciel et la Terre.”

 Une petite chanson sur le sujet de Jeanne Cherhal, “Cheval de feu”:

 https://www.youtube.com/watch?v=xV0rssh_isk

Vous avez aimé et lu jusqu’au bout, peut-être avez-vous envie de partager.

Merci à Enzo, Chistophe, Ilwan, Cédric, Baudoin, , Olivier, Stuart, Didier, Bertrand, Thierry pour leurs témoignages sincères.

Auteur : Umâ Aum